viernes, 25 de abril de 2014

Prêcher à l'église et au curling

C'était la vedette du lundi au club de curling de Buckingham.

Coéquipiers et adversaires taquinaient cet homme vêtu d'un coton ouaté gris et de mitaines lors de leur match régulier d'une ligue senior. «Je l'ai vu dimanche à la télé», a souligné le skip Jean St-Pierre au journaliste qui attendait patiemment dans le lobby.

Le prêtre originaire du Bénin, Hyacinthe Allagbe, aime jouer au curling entre deux sermons. MARTIN ROY, LEDROITL'ancien champion québécois parlait de Hyacinthe Allagbé, un quinquagénaire qui s'est retrouvé la veille à Radio-Canada. Ce dernier présidait une messe lors de l'émission hebdomadaire «Le Jour du Seigneur».
                     
Le prêtre originaire du Bénin, Hyacinthe Allagbe, aime jouer au curling entre deux sermons.
MARTIN ROY, LEDROIT

Oui, l'homme de 52 ans est un curé. Un prêtre eudiste qui a grandi au Bénin, qui a suivi des études en Côte-d'Ivoire avant de retourner dans son pays pendant quelques années.

Depuis sept mois, il est le visage qui accueille les fidèles à l'église Sainte-Rose-de-Lima de Gatineau de même qu'à celle de Saint-Antoine de Val-des-Monts.

Lundi, Allagbé ne ressemblait en rien à la vieille image que monsieur et madame Tout-le-monde se font encore d'un messager de Dieu, qui se montre trop sévère.

Sourire aux lèvres, le père Hyacinthe s'amusait tantôt à lancer des pierres, tantôt à brosser pour tirer les pierres de ses amis vers la maison.

Une voie d'intégration

«J'aime le curling. J'aime aussi le froid. Ça me donne de la vigueur», lance-t-il en riant.

Premier constat? Son sens de l'humour s'avère aussi aiguisé que sa précision sur la glace.

«Le curling me permet de m'intégrer. Ça me donne aussi l'occasion de sortir du presbytère, de bouger», note-t-il.

- Ça doit être pas mal plus bruyant ici qu'au presbytère, non?

La question fait à nouveau éclater de rire monsieur le curé.

«Oui! Oui!, réplique-t-il. Quand j'ai eu l'envie de devenir prêtre, je ne voulais pas être un prêtre de presbytère. Je voulais enseigner. Je voulais être un prêtre de terrain. Je cherche toutes les occasions pour ne pas être enfermé», explique-t-il.

«Le curling, c'est un beau jeu. Puis les gens sont sympathiques aussi.»

Quatrième enfant d'une famille de sept, Hyacinthe Allagbé a grandi en jouant au soccer. «Tout le monde y joue là-bas, souligne-t-il.

«Mais mon sport favori, c'était la marche. Je bougeais beaucoup quand j'étais jeune.»

Il y a deux ans, c'était le grand saut. Il traversait l'Atlantique, aboutissant dans une paroisse de la Nouvelle-Écosse.

De nouveaux amis lui ont proposé de tenter sa main au curling. Une offre qu'il a rapidement acceptée.

La proposition arrivait à un bon moment. «Je cherchais à pratiquer un jeu typiquement canadien», fait-il remarquer.

À quel point aime-t-il ce sport?

Une photo de lui en action était affichée sur sa page Facebook pendant un certain temps l'an dernier. Oui, monsieur le curé se trouve sur les réseaux sociaux.

Une autre façon pour lui de communiquer avec la communauté.

Au club de curling de Buckingham, il s'est fait rapidement des amis. La ligue senior oblige les joueurs à changer d'équipe à quelques reprises durant l'hiver.

«Je joue habituellement les lundis matin de même que les jeudis», précise le principal intéressé.

Mais dans les dernières semaines, le temps se fait rare pour deux joutes par semaine. Hyacinthe Allagbé s'avère un peu plus occupé que l'habitude.

«C'est le carême», rappelle-t-il.

mcomtois@ledroit.com



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