jueves, 19 de junio de 2014

La bénéfique ouverture aux laïcs des cours du séminaire d’Orléans

Séminaristes étudiant dans la bibliothèque du Séminaire 

interdiocesain d'Orléans, le 19 mars 2010.                William ALIX/CIRIC

Depuis douze ans, les cours du séminaire d’Orléans sont ouverts aux laïcs désireux d’approfondir leurs connaissances et de nourrir leur foi.


Cette ouverture profite aussi aux séminaristes.

Au séminaire d’Orléans, dans le cloître de la collégiale Saint-Aignan, la cloche retentit pour signifier la fin des cours et la pause de midi. « Nous sommes un peu comme au lycée. Heureusement qu’il y a les laïcs dans nos cours pour nous aider à rester sérieux ! », dit en s’esclaffant Sylvain Mansart. Ce séminariste en deuxième année, originaire d’Amiens, ne voit que des avantages à partager ses cours avec des personnes dont les itinéraires ne mènent pas comme lui à la prêtrise : « Ils ont une expérience familiale et professionnelle que nous n’avons pas et cela permet de tisser des liens, un réseau de relations et d’amitiés. »

Une vingtaine de laïcs, aux parcours et aux aspirations hétéroclites, ont frappé, cette année, à la porte du séminaire. Après un rendez-vous préalable au service diocésain de formation, ici appelé Centre d’étude et de réflexion chrétienne (Cerc), pour identifier leurs motivations, ils s’inscrivent à un ou plusieurs cours payants, s’engagent à être assidus et à passer les examens de fin d’année. « Il n’y a pas d’auditeurs libres. C’est une façon de motiver tout le monde », admet Pascale de Barochez, directrice ajointe du Cerc.

Une démarche intellectuelle qui rejoint la foi

Leur intégration va crescendo : « La première année, ils commencent doucement pour se familiariser, puis on élabore avec eux un projet menant au Duet, un diplôme de l’Institut catholique », poursuit-elle. Certains aspirent à aller plus loin, jusqu’au Baccalauréat voire à la Licence canonique (équivalents de la licence et du master). Le P. Jean Camus, membre de l’équipe enseignante, précise néanmoins que « certains cours comme la théologie du célibat ou le droit canon ne sont pas accessibles à tous ».

Ces règles du jeu, rigoureuses, n’effraient aucun des laïcs rencontrés : « Si je ne dois pas passer un examen, je n’arrive tout simplement pas à réviser », explique Jean-Pierre Evelin, inscrit cette année à deux cours, soit cinq heures tous les quinze jours. Philippe Brus, retraité de la Poste et Isabelle Abadie, enseignante en congé formation, estiment aussi « qu’il faut un objectif pour sanctionner l’acquisition des connaissances ». L’apprentissage d’une culture religieuse et philosophique n’est pas leur seule motivation : « Ce n’est pas qu’une démarche intellectuelle. Cela rejoint la foi. J’ai pu mettre des mots sur des expériences spirituelles. Ces cours sont nourrissants pour ma vie. C’est comme si les pièces du puzzle s’assemblaient », affirme Jean-Pierre, la cinquantaine, qui a commencé à suivre ces cours il y a quelques années. Cet enseignement éclaire ses intuitions, l’oriente rapidement vers des passages de la Bible qu’il raccroche à des sujets de société.

Des débats décomplexés

Philippe Brus a ressenti les mêmes bienfaits. Ce « recommençant » dans la foi, qui s’était longtemps éloigné de l’Église, a entrepris cette démarche l’an dernier, en « suivant des cours de théologie fondamentale, ce qui n’était pas le plus simple ». « Aujourd’hui, j’aurais du mal à m’en passer », explique cet homme souriant, qui suit cette année des cours de philosophie. Depuis qu’elle a entamé ce congé formation, Isabelle Abadie dit « avoir plus de recul, acquis un regard plus critique grâce à l’anthropologie philosophique ou à l’histoire de la philo. Ici on parle, on débat de morale sexuelle, familiale ou sociale de façon décomplexée ». Très enthousiaste, elle est « épatée » par la formation générale des prêtres qu’elle qualifie « de profondément humaine et ouverte ». Cette mère de famille ne cache pas l’admiration qu’elle éprouve pour les séminaristes qu’elle côtoie. « Ils viennent d’univers très différents. Il y a d’anciens plombiers mais aussi des doctorants. Cela fait toucher au mystère de l’Église, de l’Appel. »

Xavier Renard (à Orléans)




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