miércoles, 2 de julio de 2014

Notre Dame de Charité du Bon Pasteur D’Angers à Caen et de Caen à Angers…

27 & 28 juin 2014



Les provinces de France des sœurs de Notre Dame de Charité (NDC) et de Notre Dame de Charité du Bon Pasteur (NDCBP) se sont retrouvées pour deux grandes journées pour célébrer leur réunification, le 27 juin à Caen et le 28 juin à Angers. Cette réunification est le fruit d’une longue route parcourue ensemble et qui se poursuit d’une manière nouvelle. Ainsi les sœurs d’Angers sont venues à Caen puis elles sont reparties – en bus – avec les sœurs de Caen… D’Angers à Caen et de Caen à Angers, voici une belle image du chemin d’approfondissement parcouru par les deux instituts depuis plusieurs années. Des eudistes de Bretagne et de Normandie, porteurs de la prière et de l’amitié fraternelle de leurs frères, ont participé à ces grandes journées.


Caen… la ville où Jean Eudes a vécu la plus grande partie de sa vie… En 1641, il y fonde le Refuge pour l’accueil de femmes en difficultés d’où naîtra la Congrégation de Notre Dame de Charité… Deux ans tard, il y fondera la congrégation de Jésus et Marie, les eudistes. Caen est le point de départ d’une grande aventure qui depuis plus de trois siècles et demi se poursuit au gré des appels de l’Esprit et des besoins de la société. Caen, c’est la maison commune… Le premier temps des célébrations de la réunification s’est donc déroulé sur ce lieu de mémoire, ce lieu des origines, ce lieu de mission si cher à saint Jean Eudes. La première journée s’est ouverte par le temps de l’action d’actions de grâce au cours de l’Eucharistie présidée par le P. Laurent Tournier, provincial de France des eudistes. Etaient présents aussi des prêtres du diocèse, des sœurs d’autres communautés religieuses, des amis, des associés, des bénévoles… une assemblée attachée de bien des manières à NDC. Après le repas convivial et fraternel, il fut bon d’évoquer, dans un temps de célébration, l’histoire sainte des deux congrégations : temps fort où la mémoire se fait vivante, temps fort où le passé ouvre déjà sur demain, temps fort sous le signe du Cœur… temps fort, enfin, qui invite à prendre ensemble la route d’Angers.


Angers… 1835 : Marie-Euphrasie fonde Notre Dame de Charité du Bon Pasteur, une congrégation nouvelle et pourtant qui puise à la même source… Angers, maison mère d’où partiront en mission tant et tant de sœurs dans le monde entier. Le passage d’un lieu à l’autre, d’une histoire à l’autre, se fit au cours d’une veillée où les deux symboles enlacés des deux congrégations illuminèrent la chapelle d’une douce et paisible lumière. Le dimanche, la célébration de l’Office du Cœur de Jésus ouvrit la journée. Puis ce fut le temps de l’action de grâce avec l’Eucharistie, présidée par le P. Luc Crepy, vicaire général des eudistes, entourés de prêtres du diocèse d’Angers et de confrères eudistes. Au cours de ce temps de joie, des gestes et des paroles chargés de sens et d’espoir ont manifesté que la réunification des deux congrégations est avant tout un don de Dieu à l’Eglise et au monde, au service de la miséricorde pour les plus démunis et tout particulièrement pour les femmes en difficulté. Il s’agit ainsi pour toutes les sœurs de Notre Dame de Charité du Bon Pasteur « d’avancer vers le large, la source au cœur et ensemble en mission » !...

Bonne route à nos chères Sœurs !


Angers, messe du 28 juin 2014
Homélie

Si le cœur est le symbole de l’amour… de l’amour dans la diversité de ses formes : de la charité à l’amitié… de la miséricorde au don de soi… du souci de l’autre à l’amour de Dieu… alors il est bon que le cœur soit au rendez-vous de ce jour si particulier… de cet évènement unique et rare… de ce moment historique en ce 28 juin 2014 !... Il est bon que le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie soient fêtés au cours de notre célébration… et sans doute est-il difficile de trouver meilleures dates pour que les Filles de Jean Eudes et de Marie-Euphrasie choisissent désormais de partir au large d’un même cœur, dans une nouvelle et unique barque.

Un tel projet a mûri lentement au fond des cœurs… une maturation confiante au long de plusieurs années, sur un chemin parcouru ensemble, qui au-delà des fatigues, des renoncements et des difficultés de la route, a été source d’enrichissement mutuel. Un temps pour mûrir et laisser place à l’Esprit Saint qui nous a été donné, comme l’annonce le prophète Ezéchiel et comme l’affirme saint Paul… l’Esprit Saint qui nous apprend à aimer du même amour dont le Père aime le Fils et dont le Fils aime le Père. Un temps pour mûrir et donner du fruit : laisser peu à peu les cœurs de chacune se transformer pour faire éclore un cœur nouveau et un esprit nouveau… Aujourd’hui l’heure est venue d’accueillir le don de Dieu au terme de ce temps de marche commune… aujourd’hui l’heure est venue pour chacune de dire avec le psalmiste : « Mon cœur est prêt, mon Dieu, mon cœur est prêt ! Je veux chanter, jouer des hymnes ! »

Si le chemin a été possible et si aujourd’hui les deux congrégations se réunissent en une seule, c’est sûrement qu’il y a quelque chose de fort, très fort qui les unit, qui les rassemble, qui leur permet de prendre ensemble la mer, sans peur, avec confiance. Et c’est ici que le cœur est au rendez-vous car le Cœur est à l’origine des routes tracées par saint Jean Eudes et sainte Marie-Euphrasie. Le cœur était là, à l’origine des deux instituts : le cœur d’un Dieu de miséricorde, le cœur d’un Dieu proche des plus petits, proche des femmes en difficulté, proche des jeunes filles sans espoir, proche de cette humanité souvent défigurée et laissée pour compte… L’urgence de témoigner de la proximité aimante et concrète de ce Père, révélé par Jésus, habitait le cœur de Jean Eudes et de Marie-Euphrasie et leur donnait ce souffle puissant qui aujourd’hui encore, dans le monde entier, anime des communautés de sœurs et des œuvres de miséricorde. On peut entendre ici, comme en échos, saint Jean Eudes, confiant en l’avenir, qui écrivait : « Je vous dis, mes chères Filles, qu’il est impossible que Notre-Seigneur laisse tomber ceux qui, pour l’amour de lui, aident les pauvres à se relever. » (O.C. X, 511-514)

Oui, aujourd’hui le cœur est au rendez-vous, et c’est le cœur de Jésus. C’est là l’essentiel… ne nous trompons pas : il s’agit d’aimer comme il a aimé… aimez-vous comme je vous aimé… tout est dans ce petit « comme »… Dans la vie religieuse, chaque charisme est un don particulier de l’Esprit pour vivre ce « comme Jésus »… Pour les sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur, il s’agit bien de vivre le même et l’unique charisme qui s’est déployé au cours des siècles dans les deux instituts : un charisme de miséricorde qui fait brûler du même et unique zèle qui habitait le cœur de Jésus dans sa proximité des plus pauvres et des pécheurs. En cette fête du Cœur de Jésus, résonne le témoignage de générations et de générations de sœurs qui ont su vivre au quotidien, face aux urgences de chaque époque, le service de la miséricorde qui est sûrement l’expression la plus belle et la plus forte pour traduire l’amour de Dieu, pour parler du Cœur de Dieu révélé en Jésus Christ. « C'est pourquoi le Père éternel est appelé le Père des miséricordes, parce qu'il est le Père du Verbe incarné, qui est la miséricorde même. » (O.C. VIII, p. 53).

Les célébrations de ces jours invitent à se placer devant l’essentiel. Témoigner du Christ, témoigner du Bon Pasteur, c’est témoigner de la miséricorde, c’est faire œuvre de miséricorde. « Dans le Christ et par le Christ, Dieu devient visible dans sa miséricorde » (JP II, Dives in misericordia §2). Le Christ est la miséricorde incarnée… En Christ, nous découvrons pleinement la volonté et la joie du Père : la miséricorde envers les souffrants et les pécheurs. La Mission même du Christ se traduit par la révélation de la miséricorde du Père. A la suite du Christ, l’Eglise doit porter ce témoignage de la miséricorde à tous et rappeler sans cesse qu’il n’est pas possible d’être chrétien sans chercher à laisser place à la miséricorde dans sa vie.

Il est bon d’entendre le pape François : « Quand quelqu’un lit l’Évangile, il trouve une orientation très claire : pas tant les amis et voisins riches, mais surtout les pauvres et les infirmes, ceux qui sont souvent méprisés et oubliés, « ceux qui n’ont pas de quoi te le rendre » (Lc 14, 14). Aucun doute ni aucune explication, qui affaiblissent ce message si clair, ne doivent subsister. Aujourd’hui et toujours, « les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Évangile », et l’évangélisation, adressée gratuitement à eux, est le signe du Royaume que Jésus est venu apporter. Il faut affirmer sans détour qu’il existe un lien inséparable entre notre foi et les pauvres. Ne les laissons jamais seuls. » (Evangelii Gaudium §48)

Avec d’autres, vous, les sœurs de NDCBP, vous portez cette responsabilité toute particulière au sein de l’Eglise et de la société - une responsabilité vivante et très concrète - d’être le signe de la présence du Christ et de l’Eglise auprès des plus exclus et des plus faibles. C’est une belle et difficile tâche que la vôtre, mais une tâche essentielle, sans la miséricorde le témoignage évangélique est vain. C’est cette Mission que vous partagez toutes depuis la fondation de vos instituts et c’est cette même mission qui aujourd’hui vous réunit : ensemble en mission pour vivre et témoigner de la miséricorde de Dieu. Voilà ce qui vous tient à cœur… voilà le motif profond de notre action de grâce au cours de cette eucharistie ! Les paroles du Christ aujourd’hui s’adressent tout particulièrement à vous : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis pour que vous partiez, que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure. » (Jn 15, 16).

Bien sûr, il serait difficile de terminer sans évoquer Marie, mère de miséricorde... Notre Dame de Charité… Ici aussi est au rendez-vous le Cœur de Marie, ce cœur qui ne fait qu’un avec celui de son Fils, le Bon Pasteur. Le cœur d’une mère aimante, d’une mère qui accueille tous ceux et toutes celles que son Fils lui confie comme ses propres enfants… celle que les plus petits invoquent sans peur car le cœur d’une mère n’est-il pas la figure la plus simple et la plus forte de l’expérience de l’amour ? Avec saint Jean Eudes, pouvons-nous dire : « Regardez, ô Vierge très bonne, un nombre presque infini de misérables qui sont dans l'univers, dont les misères innombrables sont autant de voix par lesquelles ils vous crient : O Mère de miséricorde, consolatrice des affligés, refuge des pécheurs, ouvrez les yeux de votre clémence pour voir nos désolations. Ouvrez les oreilles de votre bonté pour entendre nos supplications… » (O.C. VII, 32-33). C’est vers ce Cœur aimant de Marie que nous nous tournons aussi aujourd’hui pour qu’elle nous permette de vivre pleinement le commandement nouveau de son Fils : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Père Luc Crepy, cjm.




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