miércoles, 11 de marzo de 2015

Troisième dimanche du carême, Année B

http://msur.es/wp-content/uploads/2013/04/caravaggio_mercaderes.jpgExode 20, 1-17
Psaume 19 (18)
I Corinthiens 1, 22-25
Jean 2, 13-25

Ce qui nous a frappé en lisant cette page d'Évangile, aujourd'hui. c'est sans doute le geste de Jésus qui chasse les marchands du Temple.

Le temple de Jérusalem, construit par Hérode le Grand à partir de 20 avant Jésus Christ, était une belle et vaste construction. En plus du sanctuaire et le Saint des Saints, il comportait deux grandes cours, celle des hommes et celle des femmes, ainsi qu’une immense esplanade : le parvis des païens. C’est là que beaucoup se rassemblaient pour traiter leurs affaires, écouter les docteurs de la Loi, acheter des animaux pour les sacrifices et changer de la monnaie.

C’est dans ce brouhaha de "market" oriental, que se place l’incident rapporté par saint Jean. Jésus, manu militari, fait sortir du Temple les marchands, les changeurs (la monnaie "paÏenne " avec les effigies des empereurs ne pouvait avoir cours dans le Temple) et «les moutons et les boeufs» (v.15) (sauf les colombes, délicatesse de sa part: allez donc récupérer des colombes envolées!). Il est en colère, fouet en main, chasse les marchands du temple. « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce », dit-il, en accomplissant ce geste prophétique.

Je vous propose de méditer sur trois leçons de cet épisode.

1. L’attachement à l’argent

On peut d'abord voir en cette phrase un refus de mélanger religion et argent, de ceux qui profitent des obligations religieuses pour s'enrichir aux dépens des croyants. Premier niveau de sens, toujours d'actualité d'ailleurs !

L’argent est nécessaire, mais il peut être aussi un piège. Quant s’iétablit le primat de l’économique à l’échelle mondiale, on glisse inévitablement dans le désastre du chômage, de la violence et du mépris des droits essentiels de la personne humaine. ( faim dans le monde...)

Nous chrétiens, nous devons remplacer "le temple de l’or et de l’argent", avec tout ce qui vient avec, i.e. les injustices et la misère, par le temple de la justice, de l’amour désintéressé et du respect. Voilà pourquoi Jésus chasse les marchands du temple.

Soyons vigilants : la passion du pouvoir et de l’avoir se glisse partout, y compris dans notre propre coeur.

2. La maison de mon Père

Pourtant l’essentiel ne se trouve pas encore là. Je crois qu' on peut aller plus loin. Même si Jésus ne condamne pas explicitement les sacrifices, il laisse entendre, par l'opposition "maison de mon Père / maison de commerce",qu'il désire voir s'établir avec le Père une relation de gratuité, d'amour filial et désintéressé. Oui! cette étrange expression que Jésus utilise pour parler du temple : « la maison de mon Père ».nous révèle le secret, l'intimité de sa personne avec le Père. Il est chez lui dans ce Saint des Saints, ce sanctuaire tabou, où nul ne peut entrer, sauf le Grand Prêtre, un fois par an. Ce lieu intouchable, séparé de tout, Jésus dit tout simplement que c’est la « maison de son Père », et sa propre maison de fils. Oui, ce qui est premier dans le culte que nous rendons à Dieu, ce ne sont pas les gestes (boeufs, brebis ou colombes), mais la confiance qu'un fils, une fille a envers notre Père des cieux.. (Pensons que nous n'avons pas à demander de rendez-vous à Dieu... on entre chez-lui comme on entre chez-soi...)

3. Le sanctuaire de son corps

Et au coeur de cette belle page d'Évangile, Nous avons cette phrase, où il nous parle du sanctuaire de son corps. C’est son corps, ce corps qui sera crucifié et ressuscité, qui est le nouveau temple. Ainsi, le lieu de la Présence de Dieu, n’est plus un édifice, c’est Quelqu’un! Il est, lui, le véritable Temple, le lieu de la rencontre plénière entre Dieu et l'homme, en particulier dans le Mystère de "son corps" crucifié et ressuscité - ce que ses disciples comprendront après Pâques Oui! C’est le Corps du Christ. On se rappelle ce que nous dit saint Jean: « Les samaritains ont adoré Dieu sur cette montagne, mais vous, les Juifs, vous dites que l'endroit où l'on doit adorer Dieu est à Jérusalem. » 21Jésus lui répondit : « Crois-moi, le moment vient où vous n'adorerez le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem...Mais le moment vient, et il est même déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en étant guidés par son Esprit et selon sa vérité» (Jean 4,20-24).

Toute la liturgie chrétienne tourne autour de cette mystique du Corps du Christ. L'humanité de Jésus est le lieu de la présence et de la manifestation de Dieu au milieu des êtres humains. Jésus est donc le véritable Temple et le culte se rattachera désormais à lui .

Mais comprenons jusqu’où va ce mystère ! « Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? », dit saint Paul aux Corinthiens.(I Cor 3,16) et aussi « car nous sommes ,nous, le temple du Dieu vivant»(II Cor 6,16).

Ainsi, ce n’est plus seulement le corps ressuscité de Jésus qui est le nouveau temple, mais le corps de chaque baptisé. En recevant le corps de Jésus, je deviens son corps qui est un sanctuaire.

En même temps que je dis cela la situation internationale actuelle nous interpelle beaucoup. Dans son rapport annuel 2014, publié le 24 février dernier, Amnistie internationale juge comme « catastrophique » l’année dernière pour les droits de la personne dans le monde.

Elle souligne en particulier le grand nombre des victimes civiles de conflits armés provoqués par des États ou des groupes armés. Des milliers de civils ont été tués et des millions d’autres, y compris beaucoup de chrétiens, ont dû se déplacer pour fuir la persécution, la répression et les attaques barbares. La crise actuelle des réfugiés est l’une des plus graves que le monde ait connues.

Dans ces situations, il faut reconnaître que «le Temple de Dieu» est à nouveau profané et même souvent détruit.

Même si nous nous sentons impuissants, nous ne devons pas nous laisser gagner par la passivité et ne rien faire. Ne nous laissons pas entraîner par la « mondialisation de l’indifférence », dénoncée par le pape François dans son message du carême.

Cherchons des moyens de nous solidariser avec les victimes de ces situations inhumaines et soyons bienveillants comme Dieu l'est.





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