lunes, 25 de enero de 2016

Troisième dimanche année C

24 janvier 2016

Néhémie 8, 2-4a.5-6.8-10

Psaume 19 (18)

I Corinthiens 12, 12-30

Luc 1, 1-4; 4, 14-21

Esdras, - monsieur « Secours » -, ainsi pourrait-on traduire de l’hébreu son nom, (Dieu aide), est écrivain, spécialiste de la Loi, prêtre, et mériterait de devenir le saint patron de nos assemblées liturgiques. Au retour de l’exil des juifs à Babylone (vers 450 avant Jésus-Christ), il rassemble les anciens déportés en créant une liturgie de suppléance.

Esdras sera de ceux qui vont organiser un service religieux autour de la Parole de Dieu, comportant lectures, homélies, prières et chants. C’était comme une nouvelle présence de Dieu au milieu des siens...(Pensons à nos adaces...)

A la place d’honneur de la communauté rassemblée, il y a le livre de la Loi de Moïse. Puis le lecteur vient, l’ouvre et chacun se lève. Dieu parle comme un père, comme une mère à son enfant, comme un fiancé à sa girlfriend. C’est une Bonne Nouvelle que jeunes, vieux, petits ou grands, accueillent dans leur coeur. Mais encore faut-il en saisir le sens et toutes les nuances. Les commentateurs travaillent à ça. Autour d’Esdras lui-même, ils étaient treize (vv 7-8) pour « prêter main-forte à leurs frères afin de mettre en pratique la Parole du Seigneur ».(Hébreux et araméen)

Vous remarquez que dans la première lecture (le livre de Néhémie), en écoutant la lecture de la Loi le people réagit… il se met à pleurer. Sans doute est-il pris d'un sentiment de culpabilité en se rendant compte qu'il n'a pas appliqué les commandements ni écouté la Parole de Dieu. Mais "Néhémie, le gouverneur, Esdras...et les lévites... dirent à tout le peuple : Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu, ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas." Ils lui prescrivent même d'être dans la joie et de faire la fête : manger de la viande, boire du vin, comme on le faisait dans l'Antiquité,. Pourquoi ? Parce que c'est "un jour consacré au Seigneur" - c'est répété deux fois - et donc un jour de joie, non un jour de pénitence. Jour de fête religieuse et shabbat sont des jours donnés pour la rencontre de Dieu, l'écoute de sa Parole. Dieu donne fêtes et shabbat pour le bien de l'homme, pour sa joie, joie de le rencontrer, mais aussi joie des rencontres familiales et amicales, sans oublier le partage : "envoyez une part à celui qui n'a rien de prêt" ; car les pauvres, les isolés doivent participer à la joie commune.

Si ce jour là on va à la messe...(pardon, à la synagogue), ou, à un grand rassemblement, ce n'est pas
pour s'y ennuyer en écoutant la Parole de Dieu, mais pour l'accueillir, même dans ses exigences, même quand elle nous dévoile nos péchés, comme un cadeau de Dieu, le signe de son désir d'entrer en dialogue d'amour avec nous, de nous donner le meilleur pour nous.

Et l'auditoire se réjouit et goûte la joie de recevoir ensemble cette Parole de Dieu. C’est vraiment le Shabbat, le Jour du Seigneur. Un jour de fête où la consigne est de « manger des viandes savoureuses, de boire des boissons aromatisées et d’envoyer une part à celui qui n’a rien préparé »(Neh 8,10). Car vraiment « la joie du Seigneur est notre rempart ».

Voyez-vous, C'est qu'il n'existe pas de peuple de Dieu pas plus que d'Eglise sans "rassemblement" autour de la Parole de Dieu, sans écoute attentive et sans célébration joyeuse.

Avec Jésus, la parole est devenue "chair et pain". Contemplons cette parole dans la synagogue de son village. Comme chaque shabbat. quelqu'un lit un passage de la Torah, puis quelqu'un d'autre lit un passage des Prophètes... c'est ce que fait Jésus ici. C'est toujours ce qui se passe dans les synagogues depuis des siècles Jésus monte sur la bêma, l’estrade réservée au prédicateur, et déroule la longue bande de parchemin sur laquelle est écrit le texte d’Isaïe. Il lit quelques versets, puis rend le livre au hassan, le sacristain-instituteur. Il commente la lecture, alors que tous ont les yeux fixés sur lui.

Donc tant dans la première lecture que dans l'Évangile, nous assistons à une proclamation publique et liturgique de la Parole de Dieu.

« Aujourd’hui s’accomplit l’Ecriture... »(Luc 4,21)

Son homélie consiste à dire que la Parole de Dieu n’est pas seulement des paroles, mais une réalité concrète. Jésus ne se contente pas de répéter les paroles du vieux prophète. Il se met réellement au service des pauvres et des malades. Il est la Parole "en chair et en os". Il est Dieu qui vient au secours des hommes. Aujourd’hui un monde nouveau peut naître.

Ça fait penser: «N’oubliez pas les pauvres ! », demande le pape François au Forum de Davos, ce mercredi 20 janvier. Le pape a fait lire un message pour l’ouverture de l’assemblée annuelle du Forum économique mondial, qui responsabilise les dirigeants d’entreprises face aux défis du chômage, de la pauvreté et de l’environnement.

Le Royaume nouveau inauguré par Jésus a maintenant deux mille ans. Ce n'est rien à l’échelle de l’univers. Le temps de la patience et de la croissance. Mais, quelle chance pour nous, Dieu parle toujours au présent. L’évangile n’est pas resté perdu sous la poussière des siècles. Le livre du passé est Parole vivante et actuelle. Parole qu’est Jésus.

Car, à Nazareth, il a fait une révolution dans la liturgie de la synagogue. Alors que tout autre rabbin se contentait d’expliquer un texte de la Torah[1], Jésus lui attire l’attention , non sur ce qu’il lit, mais sur ce qui arrive. Ce n’est plus le Livre qui est au centre, mais sa Personne. Il ne s’agit plus seulement de commenter, mais de vivre l’aujourdhui de Dieu...

Frères et Soeurs,

Oui, laissons-nous convoquer autour du Seigneur - Parole et Pain - qui vient ce matin, une fois encore, ouvrir nos vies à la venue du seul bonheur durable.

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[1] Comment traduire le mot Tora? La traduction grecque de la Bible (appelée La Septante) a traduit par "nomos". Comme l'écrit André Chouraqui, un exégète juif, Torah en hébreu signifie proprement "enseignement, doctrine".» La Tora est donc l'enseignement de Dieu qui indique la direction qui nous conduira dans la vraie vie.






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