miércoles, 10 de febrero de 2016

Des pasteurs selon le cœur de Jésus

Dans le mystère du cœur de Jésus se manifeste toute la tendresse du Père pour ses enfants.


Ce Père devant qui saint Paul tombe à genoux, ce Père de qui vient toute paternité, c’est à dire toute croissance de vie.

Ce Père décrit par le prophète Osée, qui s’abaisse pour élever son enfant tout contre sa joue.

Ce Père qui s’abaisse pour lui donner sa nourriture.

Mais ce Père qui assiste aussi au refus : « ils ont refusé de revenir à moi ». C’est-à-dire : ils ont refusé de se convertir complètement, ils ont refusé de reconnaître leurs péchés profonds, les plus durs, les plus incrustés, ces dernières couches qui protègent leur cœur, parce qu’ils ne veulent pas reconnaître qu’ils sont fragiles et vulnérables.

Et plutôt que de faire éclater sa colère, ce Père fait éclater son cœur, dans le cœur de Jésus.

Et plutôt que de faire tomber sur nous un châtiment, il prend sur lui le châtiment, il se laisse transpercer par la lance païenne. Il laisse entrer en lui notre péché, notre refus profond.

Et tant qu’on n’a pas mis les deux mains sur la lance, avec le soldat romain, ou qu’on n’a pas été le soldat romain lui-même, c’est à dire tant qu’on n’a pas reconnu que nous étions radicalement pécheur, tant que nous n’avons pas reconnu ces péchés profonds : orgueil radical et amour de nous-même avant l’amour de Dieu, avarice diverse, désirs luxurieux que nous entretenons secrètement et autres adultères du cœur – mais adultère quand même -, colère profonde contre telle personne, telle institution, rancune ou mépris qui croupit, désespérance devant l’état du monde ou de l’Eglise, incroyance peut-être malgré des attitudes croyantes, angoisse et inquiétude devant le mystère de la vie, et de la mort… Oui, reconnaître que nous mettons les mains sur la lance, que c’est nous qui crucifions Jésus, que c’est nous qui transperçons son cœur, que c’est « moi »…

Lever les yeux vers celui que l’on transperce est la condition nécessaire pour que s’ouvrent pour nous les écluses du ciel et que la Miséricorde s’écoule en notre être pour nous guérir de ce qui nous conduit au péché : un manque, une blessure… notre être blessé et pécheur se crispe et ressasse, plutôt que de s’ouvrir dans un acte d’abdication – « je me rends » – à la Miséricorde divine. Et c’est cette miséricorde qui nous enfante : c’est dans sa miséricorde que nous devenons vraiment enfants, fils, puisque nous acceptons de recevoir la vie, et que par là la vie grandit en nous.

Dans une deuxième étape, une fois que nous avons bien reconnu que nous sommes dans le soldat romain, que nous avons levé les yeux vers Celui qui est transpercé pour reconnaître Celui qui nous sauve parce qu’il accueille en son propre cœur notre péché radical pour le brûler, alors nous pouvons voir la croix comme un miroir de ce que nous devons devenir, et particulièrement lorsque Dieu nous appelle à devenir prêtre.

Le grand prêtre, sur l’autel de la croix, a le cœur blessé, il aime à cœur ouvert, et c’est ainsi qu’il opère le salut en ceux qu’il rencontre.

Nous mêmes, nous devons accepter d’être des hommes blessés, pour garder le cœur ouvert, pour répandre cet amour dont nous essayons de vivre, cette miséricorde dont nous avons fait l’expérience.

Le prêtre doit être un homme au cœur blessé car sa seule mission c’est d’aimer des personnes, ce n’est pas de faire ceci ou cela. On peut aimer ce que fait un prêtre : aimer prêcher, aimer célébrer, aimer visiter, aimer accompagner des jeunes, aimer enseigner, aimer les pèlerinages, mais ce n’est pas l’essentiel… L’essentiel, c’est d’accepter d’avoir le cœur blessé, ouvert, pour que la miséricorde passe par nous. Si nous annonçons un Messie crucifié, il ne faudrait pas croire qu’on va passer à côté de la croix… On devient des témoins de la Miséricorde parce qu’on a été transpercé soi-même, y compris par le mal actuel.

Devenir prêtre, c’est regarder les chrétiens en face, c’est s’exposer à leurs regards, et pas seulement à leurs regards… Et ça peut faire mal. Mais – c’est la devise des petites sœurs de l’Agneau – « blessé, je ne cesserai jamais d’aimer ». C’est Jésus qui peut le dire, c’est Jésus qui doit le vivre en nous, dans nos cœurs de prêtres, de futurs prêtres ou futurs « quoi que ce soit… », pour que le salut s’actualise aujourd’hui.

Offrons-nous alors, avec lucidité, avec humilité, avec douceur, pour le salut de ce monde que Dieu a tant aimé.

Père Erwan Barraud, paroisse de Vitré (diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo)








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